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Guide du routard impérial - Le Temple D'Abzu

Bonjour tout le monde, premier post depuis... un sacré bout de temps! Ces derniers mois ont été compliqués . Parfois la motivation n'est pas forcément au rendez-vous, mais j'espère bien reprendre le bon chemin et continuer à créer pour la communauté. Merci à tous ceux qui me suivent et continuent d'apprécier mon travail. Sans attendre... un nouveau numéro du Guide du routard impérial.

 

La faim dans l'empire est un sujet qui est sur toutes les lèvres, de la mer des griffes aux remparts des montagnes du bord du monde, du mendiant au nanti, elle est partout. Sensation universelle, elle transgresse les classes malgré des représentations variables dues au contexte social. Tout le monde-là déjà vécu, du bourgeois gras exaspéré par la lenteur de ses serviteurs et qui devra patienter pour profiter de ses confiseries exotiques au mendiant obligé de racler le cuir de ses chaussures usées. Cette situation peut être un caprice ou bien une situation de survie, mais correspond au même désir vorace. Pour le commun de l'Empire, des villes comme des campagnes, la faim est un compagnon de toujours dans une lutte quotidienne pour la survie. Malgré sa position de puissances agricole, l'angoisse est bien là dans le pays. Quand la moisson est terminée et qu'Ulric vient s'installer accompagné du froid mordant de l'hiver, le décompte commence. Le temps est rythmé par les repas avec comme horloge le corps, toujours demandeur de par sa mécanique inéluctable. Chaque calorie compte et l'angoisse monte alors que le grenier se vide un peu plus chaque jour qui passe. Les citoyens de l'Empire savent combien de temps la récolte leur suffira, mais quand Taal et Rhya tardent à reprendre le sceptre du renouveau, la peur supplante la raison et mène aux actions les plus abjects. Je ne parle pas ici d'un roturier suffisamment brave pour aller tirer le lapin dans la forêt seigneuriale ou encore même le paysan désespéré qui ne voit sa salvation qu'au travers d'une jacquerie. Non, ici nous parlerons des actes des heures sombres. Des actes nés des guerres et disettes. Des actes qui obligent les gentilshommes à bander les yeux des statues de Sigmar par peur d'un châtiment divin. Les origines de tout cela remontent a voilà des siècles alors que l'Empire était en proie à des convulsions meurtrières. La guerre des trois empereurs faisait rage depuis des années. Dans son sillon, mort, désolation et maladie. Un terreau fertile pour les dieux impies qui se délectent de la souffrance des hommes. Là où la faim avançait sans qu'aucune défense ne soit permise, la maladie suivait en terrassant les quelques survivants. Cette entropie destructrice était insensible aux prières. Alors des actions furent menées dans l'espoir de survivre. Quand les bottes ont été bouillies, que le bétail n'est plus qu'un lointain souvenir et que la neige, plus épaisse que trois hommes recouvrent la terre, le regard se tourne vers son voisin. Sous le désir insatiable de se repaître, on abandonne ses dieux pour se tourner vers l'ombre naissante. La faim se transforme alors en rage qui ne se calme que lorsque le cadavre chaud des hommes repose dans un bain de sang. La fièvre augmente, la honte aussi, mais l'estomac est plein. Ce qui commence comme une erreur finit en festin décadent. Les cadavres ne manquent pas, et si c'est le cas, les nuits sombres sont propices aux exactions barbare... enlèvement, torture et sacrifice. Sigmar vous a abandonné, un être affamé vous guide maintenant, une représentation altérée de Khorn, un démon de la gloutonnerie... Abzu.


Le temple d'Abzu - ƔƔƔƔ- croyance oubliée d'un autre temps


Trouver des informations sur ce genre de culte est toujours une difficulté dans l'Empire pour des raisons évidentes. Le clergé qui contrôle une bonne partie des connaissances écrite a tendance à censurer les ouvrages qui traitent du chaos. Sans compter que cela implique à la base qu'il y'ai eu un chroniqueur à même de créer se dit ouvrage. Or rares sont les chercheurs qui se lancent dans ce genre de projet périlleux. De plus, quand ce n'est pas la moral Sigmarite qui vient frapper la liberté des connaissances, c'est le glaive de la purification qui en efface toute origine. Les répurgateurs sont la quintessence même de ce bras armé des religions officielles de l'Empire. Si leurs travaux n'en demeurent pas moins nécessaires et indispensables à sa stabilité, leurs attitudes zélées demeurent tyranniques. Il ne suffit pas d'être un cultiste des puissances sombre pour tomber dans leurs viseurs. Parfois, un texte mal interprété ou trop engagé peut suffire à leur faire sortir briquet et torche. Toutefois dans le cas du culte d'Abzu la culpabilité n'est pas à prouver, mais alors pourquoi est-il tombé dans l'oubli. La première raison est que les serviteurs de l'Empire cité plus haut ont tendance à "brûler en premier, poser les questions ensuite". Ensuite, les subtilités des différentes cabales ne sautent pas véritablement aux yeux des bourreaux qui les détruisent. À leurs yeux, les comportements des cultistes sont déviants dans leur ensemble et si les actes peuvent différer entre chaque adorateur des déités chaotiques, ceux-ci ne sont pas forcément classés référencés et décrits avec suffisamment de rigueur pour que des siècles plus tard nous puissions en remonter la piste. Il va de soi aussi qu'aux yeux de néophyte, ce qui ressemble le plus à un cultiste est un autre cultiste. Il est dur à ce moment-là d'attendre des indices plus poussés que les vagues rapports des chasseurs d'autrefois. Toujours est-il que certains documents ont réussi à survivre aux affres du temps pour nous parvenir, notamment le journal personnel du répurgateur qui mit fin à l'âge d'or du culte.

Le Culte d'Abzu prend racine en plein cœur des luttes de pouvoir qui agite l'Empire durant la triste période des trois empereurs. Daté aux alentours de 1900, il voit le jour dans la région des collines de Skaag au Reikland. Cette petite chaîne montagneuse s'étend du nord de Trosrent jusqu'au Reik et le bourg de Prie. Agglomérat de falaises abruptes, pics escarpés et villages encaissés, les habitants de ces monts sont principalement des mineurs. Riche en filon de fer et charbon, c'est surtout pour son argent que les collines étaient exploitées. Toutefois, malgré les tentatives répétées des autorités locales, ces terres sont toujours restées sauvages. Les rumeurs allaient bon train sur ce qui pouvait bien se cacher dans les failles sombres qui serpentaient le granit du sol et l'on ne compte plus les histoires de disparition impliquant des voyageurs. Vous l'aurez compris, ces terres souffraient d'une très mauvaise réputation et offrait aux âmes coupables un parfait terrain de jeux pour laisser libre cours à leurs vices. Confrontées à une pénurie croissante de nourriture, des hivers longs et des guerres constantes pour le pouvoir, les mines travaillaient par à-coup. Les terres alentour étaient trop pauvres pour être exploité et rapidement, une disette tenace vint s'installer. Les cols des montagnes pouvaient être coupés pendant des semaines, voire des mois. On comprend donc vite que certains villageois n’ont eu d'autres choix que de se lancer dans le cannibalisme. Geste de survie contre nature, nous n'avons pas d'information sur comment il est devenu au fil du temps le modus operandi d'un culte. Ce que nous savons toutefois, c'est que c'est lors de l'hiver particulièrement terrible de 1926 que des rapports de disparition de voyageurs, villageois et même miliciens sont rapportés dans toute la région. Les autorités, bien plus occupées par les besoins présents de la guerre, n'en firent que peu attention. On retrouve toutefois certains écrits dans les livres d'archives de la bibliothèque d'Altdorf.


31 de Vorhexen 1926, Carrobourg, huissier de justice Hector Von Bruch

Tel que cité en ce jour par le coché Herald konigsberg, travaillant pour le compte de la société La Jument d'Or. Apprêté au service de livraison de marchandises de Prie à Altdorf par voie de terre, il déclare après avoir prêté serment à Verenna, ce discours suivant tel que retranscrit par le Clerc Scripteur Esteban Delatre.


"y fsait gris, poisseux, comme après qu'une pluie grasse d'automne vint y laver la terre. Sauf que l’y gelait alors je me mouvais avec prudence, histoire de pas casser les arceaux dla caravane, vous y voyez. Alors d'habitude jme cantonne aux auberges de relais, mais vla que j'avais si froid, comme si qu'mes os étaient d'glace! Alors j'ai vu une ferme un peu en hauteur sur les contrefors des collines, celle qui domine le Rek. J'y ai mné l'attelage et pensant y trouver un bon feu et une ale. (Pause dans le récit, le témoin boit à sa flasque) Y'avait rrien tout ça, et jpeux vous dire pourtant j'en ai vu des choses pas jolies jolies, mais, c'était comme si des loups avait ravagé les corps, y était tout rongé, jusqu'à l'os, et même là on aurait dit qu'y y avait essayé de mordre. J'avais peur, mais jsuis descendu voir, et la ça ma choquée et j'ai tremblé comme une cloche qu'on aurait frappé trop fort. Pour comprendre, jregardais le corps dla femme, et la jme suis dit "Merde, les loups ça égorge par les gens". J'ai réalisé, c'était au couteau, propre, comme un porc égorgé. J'ai pas réfléchi deux fois, j'ai sauté sur la charrette, et au galop jusqu'à prie. J'ai failli tuer les chvaux à force de les cravacher, mais vous comprenez, j'avais la peur au cul!"


Faute de souvenir précis, aucun signe distinctif n'a été relevé par le témoin dans le processus. Une troupe de patrouilleurs a été déplacée sur place, mais les corps avaient été depuis longtemps consommés par la faune locale. Faute de suite, l'affaire est classée dans les affaires courantes avec les autres signalements de la région.


La région alors fut le théâtre d'événement étrange au cours des décennies qui suivirent. Ces événements clairsemés n'entraînèrent toujours pas d'action de la part des autorités. Il fallut attendre l'an 2009 pour que l'affaire prenne une tournure plus officielle. À cette époque le culte était à son apogée, et ce qui avait commencé comme de simples réunions cachées était devenu une religion dogmatique et hiérarchisée avec un temple principal. Des adeptes pouvaient se retrouver dans toutes les strates de la société, mais les plus courants étaient les bouchers et autres marchands de viande. La première pierre de l'édifice qui vacilla fut lors de l'enquête du "Boucher de la rue du Boeuf". Petite rue des quartiers marchands de Carroburg, il s'y trouvait une boucherie réputée, entre autres, pour ses pâtes. La boucherie de Père Dodu. En ces périodes où la viande de qualité se faisait rare, il était commun de mixer toute sorte de carcasses pour en faire des saucisses ou des farces diverses. Le goût n'était toutefois pas toujours au rendez-vous... contrairement à la fameuse boucherie qui ne manquait pas d'attirer le chaland avec des odeurs alléchantes. Le secret de ses trésors de viande? Des voyageurs de passage, si possible gras et tendre comme des Halfelings. Voici un extrait de la Gazette local de l'époque qui parle de l'affaire.

LES DEUX PIEDS DANS LE PLAT ET SIX PIEDS SOUS TERRE!


Le conte horrifique d'un boucher qui nourrissait la foule de voyageurs finement haché! Rue du boeuf, la boucherie Père Dodu brûlée vive de la main d'un ordre Sigmarite. On raconte y avoir trouvé dans la réserve des centaines de cadavres. Moult femmes, principalement de grande beauté. L'homme coupable n'est autre qu'un simili Ogre! 8 pieds de haut de muscle et de gloutonnerie! Certain l'aurais vu oxire un garde d'une simple gifle. Questionnez-vous, comment un tel individu a-t-il pu exercer son terrible dessein en toute impunité? D'après notre expert généalogique, Halfeling, le vénérable Trufite de la quointe de tarrabine, des liens anciens remonteraient à la famille du Graff Maximilien. Il ne fait aucun doute qu'il a été protégé par le pouvoir en place, peut-être même que les femmes étaient fournies par le châtelain lui-même! Levez-vous contre l'oppression qui vous transforme en bétail!


ACHETER LA VÉRITÉ, ACHETER LA GAZETTE DE CARROBURG!


Si l'histoire est plus que douteuse et se tient loin de la vérité pour y préférer le sensationnel, cela n'empêcha pas les crieurs de rue et autre agitateur de la répandre aux quatre coins de la ville. Il est vrai toutefois que la boutique fût bien brûlée par un répurgateur sigmarite et ses hommes, et des soupçons de corruption publique ont été avérés. Pour cela il faut se référer avant tout au journal personnel du répurgateur, bien plus fiable, Hector Blondin.


L'odeur a alerté le voisinage. La garde est venue, mais sans rien noter. Un mendiant a été témoin d'acte sordide, il nous a tout révélé après un questionnement insistant. Le modus opperatis semble se répéter comme dans la région. Inconnu qui disparaît sans laisser de trace. Le soir nous sommes intervenus dans la boutique désignée. Nous avons trouvé un charnier, l'homme a été emmené au culte pour en savoir plus puis sera exécuté. Nous avons brûlé la boutique pour que toute souillure soit détruite. Des lettres provenant de marchand et haute ponte de l'administration ont été retrouvées. Autorité possiblement compromise. Le quartier sera mis sous quarantaine pour être sûr que toute corruption soit découverte. Toute personne en possession de ses tartes devra être exécutée, consommer la viande humaine est digne de la bête et Sigmar nous demande d'être intransigeants. Demain nous arrêterons les destinataires des lettres, il semblait les livrer en viande humaine. Que Sigmar nous garde.


S'en suivent plusieurs jours d'enquête où des têtes tombent et des rats débusqués. Tout cela vint s'ajouter à l'agitation politique déjà alimentée par les bonimenteurs et crieurs de rues surchauffés. Alors que la ville en émoi se transforma en un bouillon révolté que les autorités eurent le plus grand mal à réprimer, Hector continuait son enquête. Des lettres, il tira le gros lot. Barnabus Guek, un grossiste connu pour diriger la vente de viande dans la région y était mentionné plusieurs fois. Une fois capturé, il ne fallut pas longtemps pour qu'il passe à table et révèle le poteau rose. À intervalle régulier, il livrait dans des cargaisons spéciales des clients secrets. Les cargaisons toutefois semblaient toujours provenir de la province des collines et il ne fallut pas longtemps à l'enquêteur pour faire le lien entre les rumeurs de disparition si tenace du pays et les chargements du bourgeois. Des voyageurs, réfugié, ou autres pauvre hère était systématiquement tué puis découpé comme dans une boucherie pour ensuite être livré aux quatre coins de la région. Un système bien rodé, mais qui pour la première fois était mis à nu.

Le culte fonctionnait comme une pyramide. Chaque échelon était cloisonné et ne savait rien de ce qui se trouvait au-dessus. Les informations se transmettaient par messages codés du haut vers le bas, mais jamais l'inverse. De cela, même si un cultiste se faisait attraper, bien peu d'information en ressortait. Il fallut attendre la combinaison de deux facteurs. Un cultiste trop impliqué et un haut gradé qui avait rompu le secret du code pour échanger avec d'autre comparse. Il suffit d'une erreur pour que l'édifice s'effondre. Le Patriarque en charge du moment n'eut vent de l'information que bien trop tard, tout occupé qu'il était avec un mystérieux rituel dans le temple, loin de Carroburg...

Un point toutefois semblait revenir à chaque fois, la mention d'un lieu cryptique perdu dans les montagnes. Le Répurgateur laissa au clergé local la charge d'arrêter le reste de la cabale pour se concentrer sur ce lieu. Il pouvait sentir Sigmar le pousser à persévérer dans cette voie. Il lui fallut plusieurs semaines pour découvrir l'emplacement du temple, le tout au plein cœur de l'hiver. Les routes étaient recouvertes de neige et des tempêtes capricieuses se relayaient pour remplir les cols d'un blizzard glaçant. Quand le groupe intrépide arriva dans la vallée cachée, un combat féroce eut lieu contre une troupe de fanatiques. S’ils étaient de piètre combattant d'un point de vue technique, il restait très dangereux. La rage du sang les menait à la limite du Berzerk, les empêchant de ressentir la douleur. Il fallait les achever immédiatement, car même mortellement blessés, ils essayaient de continuer à ce battre. Enfin, le groupe de chasseurs put pénétrer la vallée où ils y trouvèrent des dizaines de cadavres réunies autour d'un Altar. Dessus, des corps dévorés, mais dont la chair de couleur verdâtre présageait du poison. Conscients que la fin arrivait et qu'aucune échappatoire ne leur était disponible, les disciples menés par les thaumaturges dirigeants se suicidèrent au cours d'un rituel décadent. Coincée dans la vallée par la neige, blessée de leur combat, la troupe commença à tomber face à un mal qui semblait être partout présent. Une faim terrible les accabla les poussant aux pires des actes, car les provisions ne semblaient plus les nourrir. Ils se retournèrent les uns contre les autres dans des accès de paranoïa, alors que leurs corps semblaient devenir ceux d'une bête. Seul un des aventuriers s'échappa de la malédiction que les précédents occupants avaient invoquée. Un halfeling, insensible aux griffes du chaos, qui amena avec lui le journal du Répurgateur pour qu'il soit transmis à la prospérité.


Le temple d'Abzu - Architecture




Pour trouver l'emplacement de l'ancien culte, il faut oser s'aventurer dans les passes, cols et chemins les plus abrupts des collines de Skaag. Loin des habitations et des colonies minières, il reste toutefois accessible en quelques journées de marche lorsque le temps est dégagé. Rien n'indique toutefois son emplacement et seuls les yeux les plus aguerris pourront trouver les runes gravées dans la roche granitique qui en montre l'emplacement. Disposées comme autant d'indices à la manière de miette de pain, elles vous mèneront face au flan escarpé de la montagne. Derrière quelques sapins centenaires et des cavités rocheuses se dessine un chemin presque invisible tant il est étroit. Une fois traversé ce goulot sombre se trouve le temple creusé dans la pierre au fond d'une vallée encaissée bien à l'abri du regard des curieux. De chaque côté s'élève la montagne recouverte de conifère, racine et rocher éboulé. L'air prisonnier de la vallée y est chaud et humide, loin du vent glacé qui siffle entre les pics éternels. Ce microclimat a permis à toute une flore et faune autochtone d'y élire domicile, donnant l'impression de se trouver dans les riches collines du Reikland plutôt que dans ses monts stériles. La mousse au sol est bien épaisse de 10 cm ce qui est agréablement reposant pour les voyageurs fatigués. Une rivière prend naissance au pied de la cascade au fond de l'encaissement. L'eau est chaude et d'une couleur des plus étonnante, ce qui ne manquera pas de surprendre les non-initiés à la géologie. Issue des profondeurs, cette source chaude est chargée de minéraux qui lui donnent cette coloration si particulière. Attention cependant, si on peut y voir toutes sortes de végétaux et animaux si prélasser avec aisance, la consommation de l'eau est toxique pour tout être qui en est étranger. La baignade toutefois est sans danger même si l'alcalinité du courant pourra irriter les peaux les plus sensibles. En remontant la pente douce qui mène au cirque que forme la vallée, vous pourrez noter plusieurs éléments importants.


Le campement abandonné


Blotti contre la falaise abrupte, se trouve un campement délaissé composé de trois tentes en toile cirée de tailles variable. Posée à même le sol sur un tapis de paille, elle ne contient pas de richesse particulière si ce n'est quelques vêtements humides et des paillasses sales. Les feux de camp n'ont pas vu de chaleur depuis des jours voir des semaines, cependant de nombreuses caisses contiennent des vivres et des bouteilles ainsi que du matériel de minage. Les vivres sous l'effet de l'humidité sont en grande partie gâtés, mais des doigts agiles aidés par de la patience pourraient en récupérer une partie. Les bouteilles elles sont intactes et à défaut de contenir un grand cru ne manquera pas de réchauffer l'âme transie d'un aventurier. De ce qu'il en ressort, tout a été abandonné avec précipitation. Des occupants toutefois, il n'y a aucun signe.

À l'inverse des indices qui peuvent donner pour les aventuriers curieux un début d'explication sur ce qui a bien pu se passer. Le squelette d'un cheval, encore attaché à ses cordages, repose dans la mousse épaisse qui recouvre le sol. Si de loin rien n'en ressort si ce n'est le triste vestige de l'animal, de près quelque chose ne manquera pas d'inquiéter les observateurs avisés. Les os, dénudés de toute chaire, sont recouverts de trace de morsure. La carcasse immaculée révèle un travail de grignotage des plus appliqué. Rares sont les animaux qui procèdent de cette manière, encore moins dans une ville qui ne semble accueillir que de petits prédateurs. Un aventurier versé dans l'art de la médecine pourrait même se rendre compte de la nature de ses morsures en comparant la taille et la forme des dents... avec les siennes. Les morsures ont été réalisées par un ou des humains à la mâchoire légèrement plus large que la moyenne, mais à la force indéniable.

Pour la petite histoire... ce campement appartient à l'origine à un groupe de pilleur de ruine qui aurait eu vent de présence trésors dans la région. Originaires des principautés frontalières, ils ont par le plus grand des hasards mis la main sur une copie du journal perdu du répurgateur. Malheureusement, celle-ci est si modifiée qu'il n'y fait mention que des potentiels trésors et non des dangers. Ils seraient partis voilà quelques semaines de la petite bourgade de Lechheim accompagné d'un pisteur local, Morgan Strong. Il les aurait bien prévenus de la dangerosité de la région et des histoires qu'on y attribue, mais sa méfiance s'évapora lorsqu'il lui fut proposé une somme en or. Ils sont partis à l'aube du 4 de Kaldezeit pour ne jamais revenir... tels quels. D'après les rumeurs, le pisteur serait revenu de nuit, mais seulement pour attaquer son voisin de manière inattendu. La milice est intervenue pour réaliser de l'état dans lequel se trouvait l'homme... ou plutôt ce qu'il était devenu. Amaigri, les vêtements déchirés, ses dents déchaussée et affûtée, il ressemblait à un monstre. Il fut décidé de mettre le feu à ses possessions et de quémander l'aide du temple de Sigmar le plus proche. À ce jour, aucune délégation ne s'est encore déplacée pour le malheur de la population locale qui vit cloîtrée dans la peur.

Un Altar en ruine s'élève au milieu du cirque bordé de falaise. Érigées voilà des siècles, les pierres des piliers se sont effritées, certains sont même effondrés. Recouvert de ronce et de végétations, il reste toutefois facile de comprendre son agencement. Composé de 7 colonnes construites de manière circulaire, le cercle est fermé par une plateforme plus massive composant un 8e élément. Au centre, un autel en granite est recouvert de rune abrasée par le temps, mais déchiffrable tout de même. Un bol en pierre brute repose au centre comme un réceptacle dont le contenu manque.

L'Altar en question était censé représenter le lien entre ce monde et Khorne, le bol de pierre brute étant sa bouche par laquelle le sang le nourrissait. Sacrifié sur la plateforme du 8e pilier, le malheureux était vidé comme un porc que l'on égorge. Le sang était recueilli pour remplir le réceptacle et la chair répartie selon un ordre hiérarchique précis entre les membres du culte prévu. Seul le squelette n'était pas consommé bien que la moelle des os et la chair récalcitrante étaient systématiquement récupérées, donnant des restes immaculés. Tout ceci était régi par des rituels ésotériques complexes et codifiés, généralement noté dans le livre relié en peau humaine du patriarche ou de la matriarche du moment. Ce livre était transmis de génération en génération...

Le long du lac et de la falaise, des restes des équipements d'excavation du groupe disparu sont laissés à l'abandon. Sur une table de chantier reposent des parchemins moisis ainsi que des instruments de mesure en étain comme ceux que possèdent les ingénieurs de l'Empire. Des calculs savants incompréhensibles pour le profane sont notés sur les feuilles. Les initiés toutefois reconnaîtront des plans et des calculs utilisés dans les travaux miniers ou de terrassement. Des caisses de matériels sont d'ailleurs empilées le long de la falaise. Dedans on peut trouver pêle-mêle des barres à mine, des pioches et tout un attirail de clou plus ou moins épais. Le sol pierreux est marqué par l’aller-retour d'un chariot minier situé à côté d'un tas de gravats, signe évident que le temple a dû être dégagé des ruines qui encombraient son entrée. Une caravane plus proche du campement accueille d'autres caisses de matériel. Des étaux de bois brut ainsi que du matériel de charpenterie sont trouvables un peu partout. Le plus impressionnant toutefois reste l'entrée du temple en elle-même. La bâtisse qui s'enfonce dans la falaise est construite à la manière des vestiges païens de l'ancien temps. Celui-là même ou les secrets de la maçonnerie étaient encore inconnus et/ou les barbares se contentaient d'empiler des pierres. Ici, bien que l'architecture semble brute et chaotique, elle est faite d'une manière savante. Chacun des blocs de granite qui la compose s'encastre l'un dans l'autre sans l'aide de mortier. Seul le poids en maintient l'intégrité grâce à un système de contre-pousser, à la manière des arches des cathédrales. L'effet global reste toutefois un bâtiment intimidant, d'un gris anthracite aux angles dur et éclectique. En contraste, deux statues en garde l'entrée, contemplant les visiteurs d'un regard des plus réalistes. Assurément cela est l'oeuvre d'un artiste de renom tant la pierre semble vivante. À gauche se révèle un démon musclé aux dents carnassières, à n'en pas douter un sanguinaire de Khorne. À droite, le visage rieur d'une succube ne laisse aucun doute sur le sort des malheureux. Nue, elle se délecte du sang qui lui coule sur le corps, chacune des gouttes étant sculptées à la perfection. L'entrée elle n'est qu'un puits noir de ténèbres d'où un air frais et rance sort par à-coups telle la respiration d'une bête endormie.

Le précédent groupe d'aventurier avait prévu l'éventuelle dégradation du tunnel d'entrée décrit dans les textes. Rien d'exceptionnel aux vues des siècles passés sans entretien. Ils se sont toutefois heurté à un chantier compliqué qui a nécessité de nombreux jours de travail, sapant leurs forces. Enfin le tunnel fut nettoyé des débris et ils purent commencer à explorer le lieu. Il va sans dire qu'ils n'étaient pas prêts pour la suite des événements...

Le Temple en ruine


Une fois rentrée dans le sombre tunnel, une grande salle voûtée s'ouvre. Toute en largeur, elle doit bien faire dans les 50m sur 15m. Le sol est pavé de brique à la texture rugueuse issue des sources argileuses des montagnes environnantes. Les murs sont renforcés de pierre similaire à celle du monticule qui englobe l'entrée ainsi que le plafond. Cet ouvrage de qualité semble avoir survécu aux affres du temps bien que des flaques d'eau croupie et quelques éboulis au sol attestent des infiltrations d'eau qui sape la pierre, goutte par goutte. Cette partie de la salle semble réservée aux cérémonies. Des bancs pourris depuis longtemps au sol sont éparpillés un peu partout parmi l'épaisse couche de poussière. Lieu d'arrivée des cultistes, des statues menaçantes sont érigées à Khorne, Abzu et des démons, accueil sordide des plus certains. Abzu est une variante obèse du dieu du sang qui encadre avec lui un hôtel couvert de toile d'araignée. Un petit coffre en bois repose sur une étoffe rouge bouffée par les acariens. Dedans, ce qui ressemble à des osselets sur lesquels différents signes du chaos ont été gravés. Outils du rituel ou souvenir morbide d'un des prêtres, il est conseillé de les brûler plutôt que de les garder. Sur la gauche, deux statues massives de démons au faciès d’hyènes encadrent un couloir qui s'enfonce dans le noir. Difficile toutefois de progresser plus, un éboulis en ferme l'accès.

Les escaliers permettaient autrefois de descendre en direction des geôles à bétail, autrement dit la ou les captifs destinés au sacrifice étaient gardés. Si la situation d'un prisonnier n'est jamais reluisante, celle si était des plus absurde. En effet, contrairement à la majorité des prisons, elles étaient confortables, propres, et la nourriture abondante. Cela tient au simple principe qu'appliquent les paysans de l'Empire. Pour avoir une bonne viande, il faut engraisser le boeuf et le choyer. Pour le reste, le complexe continuait avec les quartiers des patriarches et des lieutenants, d'autres réserves, un puits... une véritable forteresse qui pouvait accueillir plusieurs dizaines de personnes en résidence, et jusqu'à une centaine de pèlerins lors des jours fastes comme la nuit des sorcières où les banquets duraient toute la nuit... ou jusqu'à ce que les cris des sacrifiés se tarissent.

Le reste de la salle s'étend sur la droite en deux zones ouvertes distinctes. La première ressemble à une zone d'étude avec quelques bureaux et des étagères chargées de livre. Si aujourd'hui il n'en reste que des tas de papier mité, c'était à l'époque un lieu privilégié pour les cultistes. On y recopiait des ouvrages prohibés dans l'Empire pour ensuite les faire voyager, distillant leurs idées réfractaires aux quatre coins du pays. Parmi les ouvrages les plus notables, on y trouvait un exemplaire à la reliure en peau humaine qui contenait des lignes écrites en langage démonique. Rares étaient ceux qui pouvaient le déchiffrer, toutefois, on raconte que les mots semblaient toujours clairs dans la tête du lecteur, comme si les lignes tracées s'accommodaient des capacités de chacun. À ce jour, il n'y a aucune indication sur où il se trouve, ni sur qui le possède. La deuxième zone ressemble à une sorte de cantine. Des tables recouvertes de couvert et d'assiettes sales, dont le contenu depuis longtemps pétrifié est éparpillé sur la pierre froide. Les restes montrent que le cannibalisme n'était pas la manière la plus courante de se sustenter. Pain, gruaux et viande animale semblent composer la majorité des plats présents. Si la consommation de chair humaine était l'apanage des dirigeants du culte, il aurait été difficile de subvenir au besoin de dizaines, voire centaines de personnes. Ainsi, la quantité de chair à disposition dépendait de la place hiérarchique. Au final, la plupart des cultistes consommaient leurs prochains seulement dans les occasions les plus exceptionnelles, comme les fêtes chaotiques ou le jour de l'an. Cela n'empêchait pas toutefois certains de succomber à la faim d'Abzu, les poussant alors aux actes les plus risqués pour se procurer du sang frais. Les cultistes se retrouvaient souvent sous l'emprise de ce voile rouge qui les menait à devenir des meurtriers sanguinaires.

La hiérarchie était très importante dans le culte notamment pour des raisons de confidentialité. Avant de pouvoir seulement rejoindre les lieux de cultes disséminés dans la région, il fallait prouver sa loyauté. Cela se traduisait généralement par une offrande en viande humaine, voir pour les plus zélés, des automutilations. Il était courant de voir des cultistes dont il manquait un bras, un pied ou parfois une jambe entière. Si certains avaient dans l'espoir de gravir les échelons plus vite, la plupart le faisaient dans l'idée d'un dévouement sans pareil. À la tête de la cabale se trouvait un conseil de 9 hiérarques. Ce sont eux qui recevaient la bénédiction d'Abzul au travers d'un régime exclusivement cannibale et de complexe rituel. Selon les dires, atteindre l'illumination offrait des pouvoirs sans pareil à celui ou celle qui en bénéficiait. Cela explique pourquoi les hiérarques étaient si craints et respectés.

Une porte en bois cerclé de métal ouvre au-dessus de la grande salle dans un dortoir allongé. De fines lucarnes creusées dans la roche amènent directement la lueur blafarde du soleil au travers de plusieurs couches de pierre sédimentaires. Des lits doubles aux tissus élimés sont contre le mur. Quelques affaires sont encore présentes, mais pour la plupart dans un état avancé de dégradation. Sobre et spartiate, ce lieu accueillait les commis. Ce terme décrit en vérité les cultistes chargés de l'entretien, la cuisine, le ménage et le rangement du site. Il s’agissait des membres de la plus basse cote sociale et cela constituait un rite de passage éprouvé. Scène sadique, torture, tache dégradante et peur constante, voilà leurs quotidiens. Derrière ce traitement, le but était de briser leur esprit pour les rendre plus malléables par les puissances sombres. Les faibles étaient mangés, les forts eux, n'en ressortaient que plus zélé. Rares était les nouveaux membres qui se doutaient de devoir passé de telles épreuves, mais la plupart l'acceptaient sans se rebeller. Par peur ou par dépit, dur de le dire.

La zone de repos donne directement ensuite sur les cuisines et une réserve. Quelques tables en bois ainsi qu'un âtre en pierre ainsi que des étagères poussiéreuses. Le quotidien était plutôt

modeste mais devenait plus extravagant lors des jours de rituels où les sacrifices étaient nombreux. Attention lors de votre entrée, un gouffre dont le fond se perd dans les ténèbres semble servir de source d'eau potable. Deux portes s'ouvrent, l'une à l'est, l'autre au sud. Celle du sud est en bois simple et donne sur la réserve et un four à pain. Voilà bien longtemps que tout y est pourri, les outils, toutefois semblent étonnamment bien conservés. L'autre porte est en métal et décorée de signe inconnu. À n'en pas douté, elle protège quelque chose de sombre.




En cherchant bien au milieu du mobilier dégradé, un livre en cuir semble avoir survécu au passage du temps. La peau humaine est aussi résistante que celle du cochon bien traité. Si les choses étaient déjà bien abominables, cet ouvrage est une plongée en enfer, car il renferme les recettes que les cuisines préparaient à partir des restes humains. Même un chef Halfeling des moins scrupuleux ne s'y intéresserait pas et préférerait jeter la chose au feu. Pour les plus courageux toutefois vous découvrir avec surprise que le goût diffère peu entre une tourte à la viande de la vieille ville de Carroburg et celle qui est décrite dans le livre... de quoi vous rendre suspicieux envers n'importe quel marchand de nourriture.

La dernière pièce se trouve au fond du couloir derrière une seconde porte en métal, elle aussi gravée de signe impie. L'entrée principale est normalement une double porte en bois cerclé de fer qui donne sur la salle principale. Toutefois, le chambranle en pierre s'est effondré, coupant l'accès. La pièce, vaste, est un carré parfait avec en son centre un Altar massif que surplombe une statue de Khorne. Autour, sur les quatre points cardinaux se trouve une statue similaire à celle qui surplombe l'entrée. À leurs pieds, des signes archaïques tracés au sang s'enroulent et s'entrecroisent en un motif complexe. La seule source de lumière se trouve être la statue elle-même dont il émane un rayonnement carmin. Lieu de pouvoir au sacrifice violent, il s'en dégage une source de corruption constante. Les tas d'os aux quatre coins de la pièce ne laissent aucun doute sur l'utilité de cette pièce et tout être sain d'esprit sera obligatoirement repoussé par l'atmosphère dense et puante de l'endroit.

En dormance, le rituel n'attend qu'une chose, un sacrifice humain. Si la pierre se trouve arrosée par du sang frais, les lignes aux sols s'éclaireront pour venir alimenter d'une énergie chaotique les statues. Sous cette peau de pierre attend en vérité des sanguinaires de Khorne, serviteur de la désolation. Une fois éveillés, ils ne disparaîtront que lorsque les victimes viendront à manquer et que leurs soifs de sang ne pourront plus être épanchées. Pourquoi ce rituel a été mis en place reste un mystère, mais peut-être était-ce un dernier acte de malfaisance contre l'humanité de ce culte mourant. Toujours est-il qu'il n'a jamais été complété jusqu'à ce jour...

Une chose est sûre, ce lieu est malfaisant. Imprégnée de siècles d'acte répugnant, la pierre s'en retrouve corrompue elle-même, rendant toute purification impossible. Le feu et la poudre restent la seule solution au mal qui habite l'endroit. Attention toutefois à l'aura qui s'en dégage, si entêtante soit-elle. Les précédents explorateurs en ont fait les frais et s'en sont retrouvés changé en quelque chose que l'on ne peut plus appeler humains. Ils rôdent, affamés du sang chaud des hommes, dans l'attente de leurs prochaines proies. Si vous vous retrouvez coincée dans cette accueillante vallée et que la faim commence à se faire sentir... Fuyez... car à coup sûr, la malédiction d'Abzu s'est immiscée en vous.


temple d'Abzu
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PS : le VTT de la première carte (la vallée) n'est pas fourni avec, pour une raison que j'ignore, les sapins font péter un câble à FOUNDRYVTT et la gestion de la lumière s'en retrouve tout bugé.


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